Jean-Jacques Putallaz au Château de Venthône (1er- 23 septembre 2018)
Il joue avec le feu et maîtrise la flamme en virtuose. Le chalumeau est son instrument de prédilection. La brûlure : la marque qu’il imprime à tous ses travaux, qu’ils soient sur bois, sur métal, sur papier ou, plus récemment, sur des panneaux souples de résine synthétique.
Jean-Jacques Putallaz vient de la céramique. Dans In Vivo, il raconte ses premières tentatives: «J’essayais de cuire des fragments de terre dans des couvercles de bidons pour les transformer en céramique. Le plus souvent, tout explosait. »
Le goût du risque anime son moteur intime. Celui de la métamorphose de la matière vivifie son travail quotidien dans l’atelier-galerie qu’il ouvre à Sion en 1974, après des stages de formation en France, en Italie et en Allemagne. En 1978, il fait avec sa femme Christiane, peintre, un séjour de deux mois au Japon : étude du zen, visites d’écoles, approche technique, rencontres avec les maîtres du thé.
Dans sa pratique, l’artiste privilégie les matériaux naturels et ceux qui portent la marque du temps et des éléments comme ces tôles récupérées après un incendie ou ces objets rouillés et fragments divers collectés lors de ses promenades. Et le papier qu’il choisit est robuste pour supporter le poids des couches successives de la matière picturale posées à la spatule, les griffures des outils et la brûlure du chalumeau.
Pour peindre l’espace de ses formats, grands ou petits, de préférence carrés, car il recherche la stabilité et l’équilibre dans ses compositions, Jean-Jacques Putallaz utilise des terres : sienne et ombre, ocre jaune et rouge, poussière d’ardoise pour les bleus et sables du Rhône avec les lumineux éclats du mica. Une palette sobre aux nuances infinies. Fixées avec des résines synthétiques, ces terres donnent non seulement couleur à la peinture, mais elles sont aussi matière où il grave et sculpte signes et motifs, écritures, mouvements ondoyants comme ceux que la vague inscrit sur la plage, où il insère des fragments de bois, de métal ou de fibres naturelles. Et la flamme y imprimera sa noire cicatrice.
Si l’artiste intègre à son travail le hasard et les accidents, avant de passer à la réalisation, il a longuement élaboré sa composition : dessin à la main et à l’écran où il ordonne les plans de l’espace, la mise en place des éléments, les détails des motifs et, primordial, le mouvement qui animera l’œuvre. A laquelle il ne donnera pas de titre afin que chacun puisse la recevoir à son gré, selon son regard et sa sensibilité.
Une œuvre en évolution constante, car Jean-Jacques Putallaz est en perpétuelle recherche de matières et de techniques, de supports et de formes qui stimulent son imagination et nourrissent sa créativité.
Françoise de Preux
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