Cytomégalovirus, Journal d'hospitalisation

Cytomégalovirus, journal d’hospitalisation, dans ce titre, tout est dit. Et pourtant, ce qu’il nous évoque reste flou et incertain : il s’agit d’un sujet dont on ne parle pas, il s’agit d’un sujet que l’on ne connait pas, il s’agit du cytomégalovirus. Un virus responsable d’infections passant le plus souvent inaperçues, survenant chez des patients dont les défenses immunitaires ont été a aiblies, comme ceux atteints du sida, par exemple.

D’après l’œuvre d’Hervé Guibert, Cytomégalovirus, journal d’hospitalisation est un solo porté par un acteur à fleur de peau, Julien Jacquérioz. Du 17 septembre au 8 octobre 1991, l’auteur français a écrit de courts fragments. Un virus qui s’ajoute à l’autre. Le corps devenant pour lui-même expérimental. Corps anonyme et corps propre. L’oeil qu’on risque de perdre et qui regarde, enregistre, découpe. Le devenir-aveugle, comme attrait de l’extrême, des situations inconnues. Rappels émus, cruels, de Muzil (Michel Foucault), à l’hôpital, mourant du même mal. Toujours le sens de soi comme fiction. L’ironie, menue, somptueuse. La tendresse. Amour des autres, ceux qui vous reconnaissent tel que vous aimez être. Refus de tous les autres. La méchanceté. La justesse.

Cytomégalovirus, journal d’hospitalisation est un bol de sensibilité dont il faut se nourrir pour se sentir (re)vivre.