Catherine Pfister, Charles-André Gaudard

Sculpture - Catherine Pfister

On ne va pas à la rencontre des créations de Catherine Pfister comme si on répondait machinalement à un simple carton d’invitation, mais plutôt en privilégié curieux et attentif, le sourire gourmand dignement étalé sur les lèvres. 

Ainsi, dans cette expo affriolante de près de deux mois, qui plus est dans la majestueuse Tour Lombardede Conthey, il est recommandé de s’y promener avec la volupté du bienheureux qui plonge dans un bain moussant. Avec des bulles irisées, des têtes pittoresques, des bustes attrayants, des pommes directement cueillies dans le verger du voisin (un dénommé Magritte), des vases remplis de fleurs imaginées, des sculptures complices et un décor issu tout droit du Grand Meaulnes, voici une artiste vaudoise qui présente ses nouvelles créations comme une sorte de vie secrète susceptible de remettre instantanément le cœur du promeneur à la bonne heure. D’autant plus que, même si ses joues rondes et son sourire timide trahissent des reliefs d’enfance, l’œuvre de Catherine Pfisterest une véritable ode à la rêverie apaisée. Malaxer est un aveu touchant, coller un langage d’une délicate pudeur, joindre l’ensemble un réel cadeau… et peut-être aussi un camouflage dans la mesure où l’Art de Catherineest un soupçon de contemplation expérimenté dans la pleine Matière Pfisterienne. 

Certaines têtes croisées ont l’air fières, tristes, candides, hilares ou furieuses ? C’est normal, elles nous ressemblent. L’artiste nous offre volontiers son âme que chacun peut s’approprier à loisir et à satiété le temps d’une visite enjouée. Quant à ceux qui dégaineraient leur téléphone portable pour photographier, histoire peut-être de se dispenser de vraiment regarder, ou de se donner une contenance, pas d’inquiétude, ce ne serait ici que le premier signe d’attache avérée du cœur.

Peinture - Charles-André Gaudard

Cela fait plus de 30 ans que Charles-André Gaudard expose en Valais. De nature figurative épurée, sa peinture évolue vers l’abstraction. Finalement ses paysages ou compositions interprètent un espace qui laisse de la place à chacun pour une interprétation personnelle. 

La matière est généreuse, passionnée. La sensation d’authenticité et l’aspect particulier des surfaces lui permettent de développer des nuances de couleur souples et différenciées d’où transparait sur les grandes surfaces un incroyable équilibre esthétique. On respire enfin sur ses toiles ! La palette chromatique propose des gammes de rouge flamboyant ou des jaunes chaleureux. Mais ce que je préfère ce sont les blancs…. L’espace se révèle plus figuratif avec la montagne dans toute sa grandeur, son côté énigmatique et sauvage. 

Un style nouveau qui est à la frontière de l’abstrait et du réel, du passé et du présent, tout est relié, un fil subtil et authentique qui nous plonge dans l’intemporalité. 

Volontiers suggestive, sa peinture est avant tout belle, délicate et soignée. Les quelques 40 toiles présentées dès le 9 novembre à la Galerie de la Tour Lombarde le prouvent. Et laissent rêveur.