"Quelque chose de noir"

Le titre repris d’un recueil poétique de Jacques Roubaud, marqué par le deuil, fait écho à cette goutte de sang noir qui hante pour sa damnation et celle du Sud l’histoire de Thomas Sutpen dans Absalom, Absalom de Faulkner. Nous repartirons des pages consacrées aux Indiens et aux Noirs dans De la Démocratie en Amérique de Tocqueville. La déportation des Amérindiens, la traite des Noirs, colonisation et migration, hantent l’histoire occidentale, comme les enjeux mémoriels des déséquilibres sociétaux du monde contemporain. « La mixité est-elle le message », comme Édouard Glissant en pose la question dans son livre sur Faulkner, Mississipi ?

Quelles seraient, de part et d’autre, les conditions d’une vraie fraternité dont rêvait Zweig dans Le Brésil, terre d’avenir, celle que Glissant a théorisée d’une mise en relation créatrice des multiples origines ? Tout à rebours d’une histoire marquée par l’esprit de Domination.

CHARLES MÉLA, ancien élève de l’École normale supérieure, professeur honoraire de l’Université de Genève, coprésident du Centre européen de la culture fondé par Denis de Rougemont en 1950, ancien directeur de la Fondation Martin Bodmer et président de l’Association suisse des Amis de la Fondation Sainte-Catherine pour la préservation des manuscrits du monastère du Mont-Sinaï, s’est attaché au dialogue des cultures, notamment entre Orient et Occident. Il a présidé de 2018 à 2024 l’International Menuhin Music Academy fondée par Lord Menuhin en 1977. Éditeur scientifique de romans de Chrétien de Troyes, il a publié La Reine et le Graal (Seuil), Au théâtre, dans le texte, d’Eschyle à Beckett (La Baconnière, 2023), L’amour et son ombre. De la Recherche du temps perdu au Lancelot en prose (Honoré Champion, 2024).

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