Alexandre Loye, peinture & Marc de Bernardis, dessin

Alexandre Loye est peintre essentiellement. Il cherche par la figuration à mettre en images la relation de l’humain à son environnement, ou celle de sa conscience à la vie de son corps. Sa peinture grince un peu, lui a dit un ami – mais sans sombrer dans l’ironie. C’est probablement qu’il est attaché aux êtres et aux choses. Il remplit des carnets d’écriture et de dessins. Fort de son expérience, il a entrepris d’en publier des extraits solidifiés sous forme d’un périodique irrégulier. Vivacité maladive.

« J’aimerais peindre un pied dans une chaussure qui ne soit pas seulement une chaussure impliquant le pied. J’aimerais peindre un objet dans une main où l’on verrait le contact caché entre la paume et l’objet. J’aimerais peindre des jeux de mots ou des expressions comme « marcher sur la tête ». En mettant des yeux en forme de fenêtres j’ai pu essayer de peindre un visage vu de l’intérieur. J’aimerais réussir une toile qui mériterait ce titre : « deux pieds sur terre ». Les titres présomptueux se retirent poliment quand la toile est bonne, et moi je lave les pinceaux ». Alexandre Loye

Marc de Bernardis dessine en grand format des sous-bois, des rives, des arbres, des personnages sortis des limbes de son imaginaire, beau, pur, précis, foisonnant. La peinture de ce passionné des hautes cimes / qui jamais ne déroche. Et ne veut pas décrocher.

Il enregistre avec le même talent la vibration du feuillage du Tremble, de l’arrière ou du devant des paumes d’une main, l’âme d’un glacier qui lui parlerait de ses peurs. Ou les berges du fleuve sur lesquelles on attend le noyé. Depuis si longtemps.

Le silence et le vent ont emmené les cris. En entrant dans le sujet, de Bernardis se transperce. Le crayon / parfois est tourné à l’envers. Oui / c’est précis. Oui / quel travail !  L’oeuvre - l’artiste. L’angoisse donne aussi de la beauté.

S’il m’est donné, et il me semble donné, d’esquisser un portrait non littéraire, non artistique, non politique et cela sans intermédiaire officiel, je dirais : Il est toujours pour Marc de Bernardis et Alexandre Loye un endroit où tout a débuté. Inquiétude romantique pour Marc, postromantique chez Loye. Si liés sans doute. Douleur profonde derrière les masques que la peinture écaille.

Pour le meilleur et pour le pire, ils sont peintres.

Ils ne trahissent pas.

Nicolas Marolf