Des citrons soleil de Daniel Salzmann aux singularités clair-obscur d’Isabelle Favre
Pour l’automne, les couleurs jaillissantes, la rapidité illuminée de Daniel Salzmann. Le peintre est amoureux de la bouffe. Cuisiner et peindre sont chez lui totalement liés. Dans le même espace, en contrepoint, le travail noir d’inscriptions troubles, l’eau et le crépuscule du jour, les gravures sur rhodoïd d’Isabelle Favre.
Daniel Salzmann aime la vie. Son amour lié à la solitude et le goût de celle-ci le fait bouger. Espagne, Portugal, Italie : il s’imprègne des traditions culinaires, mange, insatiable : l’architecture, les tables et les nappes, les crabes et l’insolence miraculeuse des zestes de soleil des citrons abandonnés.
« Je me souviens, dit-il, que, lorsque j’étais enfant, ma mère me mettait chaque fois en garde avant d’entrer dans une pâtisserie : « Attention, on ne touche qu’avec les yeux ! » Elle m’enjoignait ainsi à entretenir une relation exclusivement visuelle avec les bonnes choses qui m’entouraient ».
Avec ce besoin de « retrouver le plaisir à travailler le noir », Isabelle Favre met le cap sur ses singularités, s’immerge dans le végétal. Âme, aussi, et encore, en dérive. «Je finis parfois par ne plus avoir d’échelle, de jour ou de nuit. Absorbée par la matière, les structures, les enchevêtrements, les clair-obscur, j’entre dans une autre dimension...».
L’émotion des ondes, l’ancre grasse qui se noie. Une femme disparue dans le fil du Rhône. On est pêcheur / ou cuisinier. Pour des dérives singulières, Isabelle Favre, capitaine des bateaux de ses mains, totalement à l’unisson du monde végétal, touche du bout des doigts le désir furieux du marin amoureux des reflets des noyades. C’est immensément beau.
Nicolas Marolf, commissaire de l’exposition
A découvrir du 12 septembre au 10 octobre 2020
Vendredis et samedis 17h - 21h, dimanches 14h - 18h (ou sur RDV 079/794 69 23 / espace@contrecontre.com)
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SAMEDI 12 SEPTEMBRE, dès 14h : Vernissage commun des lieux d'expositions de St-Maurice
Espace ContreContre, peintures et dessins de Daniel Salzmann, gravures et dessins d'Isabelle Favre, jusqu'au 10 octobre, Galerie Oblique (Grand-Rue 61), peintures et dessins de Jacques Glassey, jusqu'au 30 octobre, Château de St-Maurice, exposition "L'amour en boîte", en marge de l'exposition Pinocchio, jusqu'au 15 novembre
VENDREDI 18 SEPTEMBRE à 19h
Lecture inspirée du « Fauteuil de Matisse », monographie illustrée de Daniel Salzmann, 2019.
Entrée libre, chapeau
MARDI 22 SEPTEMBRE 19h30 – 20h30
Table ronde « Autour de Harald Szeemann : le vide autour du vide ».
Médiateur : Nicolas Marolf, artiste, commissaire d’exposition (sous réserve de modification)
Entrée libre
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Daniel Salzmann, peinture, dessin
www.daniel-salzmann.ch
Originaire du Haut-Valais, né en 1955, vit et travaille à Renens (VD) et Madrid (E). École Cantonale des Beaux-Arts du Valais, diplôme en peinture, 1987.
Daniel Salzmann a passé sa jeunesse aux Grisons et en Haut-Valais, où il a fréquenté le gymnase « Spiritus Sanctus » de Brigue. En 1980 il obtient le diplôme en Pédagogie curative de l’Université de Fribourg. Par la suite il fréquente l’École cantonale des Beaux-Arts du Valais et obtient son diplôme en peinture en 1987. Depuis, l’artiste a eu son atelier à différents endroits en Suisse, notamment à Burgdorf/Berthoud, Bienne, Fribourg, Ligerz/Gléresse et Lausanne.
Le peintre a récemment publié une monographie illustrée intitulée Le « fauteuil » de Matisse, un entretien avec l’artiste Daniel Salzmann, 2019, qui sera disponible durant l’exposition (lecture vendredi 18 septembre à 19h).
Isabelle Favre, gravure, dessin
Instagram: isabelle_favre_photographe
Culture Valais
Née en 1974 de père suisse et de mère bretonne, vit et travaille à Sion. Formée à l’École cantonale des beaux-arts, Sion (1989-1994), dessin, gravure, peinture et photographie. Dès 1996, photographe professionnelle pour la presse romande (Le Temps, Le Matin, L’Illustré, Femina, Migros Magazine, etc.). En 2007, dessin et gravure réintègrent son atelier.
Après avoir déroulé ce printemps sa «dérive» à la galerie Les Dilettantes – une quinzaine de gravures et une dizaines de photographies issues de 8 mois d’exode sur son voilier, près de l’embouchure du Rhône –, l’artiste pose désormais pied à terre et s’immerge dans ce végétal dont elle avait capturé les contrastes et le mouvement depuis le pont de son embarcation.
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