Exposition de Jean Paul Blais et Yohei Nishimura

L’intérêt de Jean Paul Blais pour l’art commence par le dessin au fusain, suivi de la sculpture sur fer, avant de retourner à une expression picturale sur papier. 

Puis le besoin d’épaisseur impose l’utilisation d’un nouveau support : le bois. A l'instar de l’icône, la surface des panneaux se courbe.

Leur surface est convexe et la lumière rebondit sur les brillants et les mats, les creux et les bosses invitant les spectateurs à bouger, interagir pour mieux en percevoir les détails.

Paradoxe de la brillance et de la matité, des creux et des bosses, du précieux et du brut, la répétition de motifs simples façonnent une œuvre abstraite et tactile, une peinture en bas-relief. Le noir est le plus présent, le clair, s’il intervient, est ivoire ou bois naturel. 

J'espère infuser au spectateur l'étonnement d'un instant, rester présent au moins suffisamment de temps, pour que je croie important de le partager. 

La façon dont naît une pièce est toujours surprenante, intéressante. Dans un paysage, dans une ville, sur le tracé d'une route, de manière inattendue une forme, une ligne capte mon attention. Je la mémorise, la dessine ou la photographie...

Certaines interpellations restent et continuent d'évoluer en sourdine... Une retranscription de la forme se fait... 

Parfois le besoin de les voir se matérialiser impose la mise en pratique et la réalisation en menuiserie de ce qui est devenu un signe, un symbole, l'essence de la rencontre avec le réel.

Les œuvres de Yohei Nishimura apparaissent comme tranquilles et fragiles. Mais un regard plus prononcé nous révèle la constitution étrangement tumultueuse de leur matière.

”Entropie” signifie transformation et dans sa définition caractérise «le degré de désorganisation, ou d’imprédictibilité, du contenu en information d’un système».

Lorsque Yohei Nishimura intervient sur ses livres, ou objets divers, il nous montre la relativité de notre mémoire universelle.

C’est un jeu d’équilibre et de contemplation de la matière physique à la limite de la transformation et de la conservation.

Artiste sculpteur, il est aussi considéré dans le monde de la céramique contemporaine car, en japonais, le terme générique de Yakimono, signifie à la fois objets céramiques, mais aussi littéralement «choses cuites».

Son approche de la cuisson et la répétition de cette technique lui ont permis de maitriser les changements moléculaires et de les guider, tout en laissant une part de liberté dans la façon avec laquelle les formes vont se former à l’intérieur du four. Nous pouvons facilement imaginer qu’un livre cuit à plus de 1'200 degrés va se réduire en cendres, se volatiliser.

Vous découvrirez avec surprise la transformation que subit la matière, qu’elle soit noble ou destinée à l’oubli.

Dans ses livres non cuits, qui forment une autre facette de sa création, Yohei Nishimura nous emmène dans un univers empreint de philosophie et de réflexion face à notre oubli de la substance physique au profit d’une réalité plus virtuelle.

L'exposition est jumelée avec celle organisée par la galerie ContreContre du 3 septembre au 8 octobre à Saint-Maurice

Lien vers le site web: https://www.galerie-grande-fontaine.ch