Leur chemin se croise en 2017 car il est artiste et elle historienne de l’art. À l’origine, c’est elle qui le trouve et lui organise une exposition. Mais ensuite c’est lui qui la révèle.
En partageant son savoir, sa vie d’artiste et son besoin irrépressible de créer, il touche la jeune femme et l’incite à s’exprimer pour passer à l’avant des simaises.
Lemmy aime le noir. Il est sans gêne, à la limite du vulgaire. Spontané et droit dans ses bottes, seule sa langue fourche et toujours volontairement.
Cécile est une incorrigible romantique, minutieuse et passionnée d’iconographie. Elle aime l’or. les paillettes et surtout embellir tout ce qui l’entoure. Plus discrète à l’oral que son acolyte, elle n’en pense cependant pas moins.
Exposer Cécile et Lemmy. c’est associer le jour et la nuit, la vie et la mort, le futile et l’essentiel. Une expo toute en contrastes et pourtant… Ni l’un ni l’autre de retranscrit la réalité. Chacun fait preuve d’exagération et appose sa critique sur le monde de consommation des choses et des personnes, mais à sa manière.
DE L’OMBRE AU KITSCH
Les deux wagons mis à disposition par l’ASLEC, permettront au duo d’exploiter le thème du portrait. Les travaux des artistes se feront fasse afin d’entrer en résonnance ou au contraire en opposition durant la déambulation. Le premier wagon exposera des portraits à la manière chronologique d’une galerie familiale, tandis que le second sera consacré d’un côté, aux images et statuettes pieuses pour l’amour du kitsch de jadisTODAY (nom de Cécile sur ses réseaux sociaux) et la colère débordante des portraits épiscopaux de Lemmy de l’autre.
Lemmy voit-il désespérément tout en noir alors que Cécile dissimule des émotions sous des paillettes ? L’homme peintre, fort de son expérience, n’illustre-t-il pas l’essentiel de ses modèles à savoir leurs malheurs, regrets et tensions perpétuelles ? Tandis que la jeune créatrice s’évertue à auréoler des personnages anodins d’un prestige artificiel ? Ou alors serait-ce lui qui démontre l’incomplétude inhérente à chaque individu alors que Cécile se moque de l’outrecuidance de ses sujets, rutilants jusqu’à l’écœurement ? Qui falsifie la réalité ? Qui la révèle ? Certainement l’un comme l’autre. À vous de comparer.
Est-ce beau ? Est-ce trop ? Vous n’aurez de cesse de vous poser cette question tout au long de cette exposition double.
Pour en savoir plus :
LA QUÈTE de Lemmy : Travailleur passionné, il suit son instinct et laisse parler l’intention quand il peint. Au fil des ans, il a développé un style qui lui est propre et à exposé de Genève à Milan. Audacieux, il n’hésite pas à varier les supports et les formats, poussant sa technique toujours plus loin. Désireux de dépasser ses limites, il affectionne les très grands formats (qui ne seront pas présents dans l’exposition des wagons qui se veut plus abordable et intimiste) et exécute régulièrement des performances live ou directement sur les murs des particuliers tant son trait est assuré. Fasciné par Bacon, Lemmy « flingue » intentionnellement son trait pour y ajouter une fougue bestiale, porteuse d’émotions déchainées, de mouvement apriori désordonné. Ses portraits, toujours dissymétriques interrogent l’œil du spectateur, le scrutent comme si l’un et l’autre n’était pas inconnus et semble toujours lui demander de combler les traits manquant, arrachés par l’artiste. Faces écorchées, corps suppliciés sont le reflet de son intériorité tourmentées. Les démons de Lemmy s’exposent sans tabous et révèlent une beauté étrange et sublime.
@lemmygonthierartist
LA QUÈTE de Cécile :
Cécile Genetti, glane depuis plusieurs années les brocantes et vide-greniers sous le nom de JadisToday pour le compte de collectionneurs et privés passionnés d’objets anciens en tout genre. Bien qu’attirée d’abord par l’historicité des objets, son œil se pose rapidement sur des babioles estimées sans valeurs. Au-delà de la nostalgie qui se dégage de ces derniers, c’est l’abandon, l’oubli, le désintérêt de ces objets conçus pour être aimés, voir vénérés, qui l’émeut particulièrement. Au fil de ses pérégrinations, elle s’est constituée une importante cartothèque d’images pieuses, icônes, ex-voto, cartes postales et photographies anciennes, portraits d’ancêtres oubliés qui sous ses doigts seront superposés, repeints, agrémentés de collages et broderies variées. Les objets et images oubliés retrouvent ainsi une seconde vie à travers l’esthétisme de ses créations mais aussi une seconde histoire puisque transformés, ils intègrent la généalogie loufoque et fantasmée de l’artiste. Les « bondieuseries » produites industriellement deviennent des objets de valeur uniques et les cartes postales anonymes prennent place sur nos murs et deviennent des aïeux au passé prestigieux.
@jadistoday
Lien vers le site web: https://aslec.ch/