ZONE 30 ART PUBLIC accueille Lucia Masu

Mécaniquement extraits des murs des anciennes Halles Usego vouées à disparaître, ces échantillons photographiés proviennent de différents graffitis accumulés au fil du temps sur les parois extérieures du bâtiment, côté voies de chemin de fer. Ces stratigraphies — études de la succession de différentes couches — réalisées sur place et au microscope témoignent des multiples strates temporelles et de la mémoire de ce lieu, bientôt démoli pour faire place à la nouvelle construction abritant l’École de design et haute école d’art (EDHEA) et l’École de couture du Valais. Révélant silencieusement et symboliquement le passage du temps, mais aussi celui du train le long de la voie ferrée, ces photographies deviennent des fragments visuels attestant l’existence de ce lieu particulier. Chaque morceau ou échantillon prélevé sur ces murs peut également être considéré comme un écosystème à part entière, abritant une vie microscopique imperceptible à l’oeil nu, capable de survivre au temps et gardant en son coeur bien des histoires. Lucia Masu les capture, les fige et les sauve en les retranscrivant dans six photographies colorées à la fois scientifiques, abstraites et organiques, créant une série aussi minimaliste que poétique.

Biographie

Diplômée de l’Académie des Beaux-Arts de Sassari en Italie, Lucia Masu complète sa formation avec un certificat en restauration de peintures à Florence, avant de réaliser un Master of Arts in Public Spheres à l’EDHEA en 2021. Lauréate de plusieurs prix et résidences depuis 1997, elle a aussi pris part à différentes expositions collectives ou en solo en Suisse, en Italie et au Portugal.
Non linéaire, le travail de Lucia Masu oscille entre vidéo et écriture, photographie, dessin, objets, textes et performances. L’artiste s’intéresse aux notions de subjectivité et d’interdépendances, souhaitant inscrire toute narration individuelle dans un contexte relationnel incluant les aspects écologiques, sociologiques et biologiques. Telle une archéologue, elle questionne les lieux de mémoire, au-delà du visible, poussant le public à recomposer des fragments, reconstituer des sens, réparer la perte.