Les Riches Heures de Valère

Tant vous aime

Considéré comme une figure centrale de l’école franco-flamande, Josquin Desprez serait né dans les années 1450 dans le Hainaut en Belgique.

Il fut successivement au service de René d’Anjou, roi de Naples et de Jérusalem, du roi Louis XI, du duc de Milan (dans cette ville, il croise Léonard de Vinci qui fait son portrait), de Matthias Corvin, roi de Hongrie, du Pape Innocent VIII à Rome, de Louis XII, Roi de France, et enfin du Duc de Ferrare, marquant par là son attachement à la terre de son enfance.

Josquin Desprez, princeps musicorum, prince des musiciens, comme l’ont appelé ses contemporains est aujourd’hui surtout connu pour son oeuvre religieuse, Messes et Motets, qui a été amplement interprétée et enregistrée. De façon surprenante, ses chansons ont peu retenu l’attention des interprètes, si ce n’est celles à 5 et à 6 voix, éditées après sa mort par l’éditeur anversois Tielman Susato dans son Septième livre de 1545. Un certain nombre de ces chansons ne sont d’ailleurs pas de Josquin Desprez ; son nom était alors si fameux qu’il faisait vendre !

Le programme proposé par Doulce Mémoire se concentre plus particulièrement sur la première période créatrice de Josquin, celle où il hérite de toute la tradition de ce territoire qui l’a vu grandir entre royaume de France et terre d’Empire, un écosystème en somme d’où viennent les plus grands noms du 15ème siècle (notamment Pierre de La rue, Marbrianus de Orto, Gilles Binchois, Johannes Ockeghem).

Le répertoire de cette première période est particulièrement varié :

-     chansons dites rustiques, bâties sur des thèmes populaires, comme A l’ombre d’un buissonnet, La belle se sied au pied de la tour, Petite camusette, Mon mari diffamée ;

-     chansons combinatoires où l’on superpose plusieurs chansons, comme S’elle m’amera-Petite camusette (Ockeghem) et Adieu mes amours  (Josquin) ;

-     chansons sur des formes fixes héritées de la tradition plus ancienne, comme le rondeau La plus des plus et le virelai Du mien amant ;

-     chansons amoureuses, Tant vous aime et le fameux Mille regrets ;

-     mais aussi les chansons italiennes, reflets de son passage à Milan au service du cardinal Ascanio Sforza : Scaramella va a la guerra , El grillo e bon cantore.

Toutes ces chansons dans leur diversité de langages et de thématiques offrent un programme varié à la fois sérieux et déluré, témoignage de l’art inégalé de Josquin Desprez, dit Gossequin de Condet. Cet héritier d’une grande tradition musicale de ces terres du nord – véritable « Silicon Valley » de l’art contrapuntique au XVème siècle – régnera sans partage dans toute l’Europe pendant deux siècles. Il est avec Leonardo da Vinci, l’un des premiers artistes pleinement conscients de leur valeur et pouvant parler d’égal à égal avec les puissants. Les historiens affirment que Desprez a représenté au 16ème siècle ce que Beethoven a été pour le 19ème : un chaînon capital dans l’histoire de la musique.

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